
Le Théâtre Parminou célèbre ses 50 ans d’existence cette année et l’une de ses fondatrices, Hélène Desperrier, assure que sa vocation n’a pas changé. Jamais.
« Notre mission première était d’être engagés socialement », répond sans hésiter la femme de 75 ans qui dit à la blague en avoir l’air de 74.
Il suffit de passer quelques minutes avec elle pour rapidement réaliser à quel point elle est passionnée de théâtre. Et, bien sûr, du Parminou.
« La base est toujours restée la même », insiste-t-elle.
D’ailleurs, au moment de l’entrevue, elle était sur le point de quitter pour l’Abitibi pour y donner cinq spectacles d’une pièce qu’elle a écrite, Passée date ?, qui a fait le tour du Québec et qui a été joué 59 fois jusqu’ici.
« On était contre le théâtre traditionnel »
C’est en 1973, par des finissants du Conservatoire d’art dramatique de Québec que le Théâtre Parminou a vu le jour.
« On était contre le théâtre traditionnel avec ces metteurs en scène qui décidaient de tout en plus de ces auteurs qui restaient dans leur tour d’ivoire », caricature l’artiste.
« On se disait que si on ne s’organisait pas, les autres allaient nous organiser », ajoute-t-elle, sourire en coin, plongée dans ses vieux souvenirs.
La jeune troupe dogmatique s’est rapidement organisée afin de ne jamais manquer d’ouvrage.
« C’était notre motivation d’avoir un pouvoir sur notre travail et de faire ce qu’on voulait tout en critiquant ce qui ne fonctionnait pas [dans la société] », de dire l’artiste.
Questionnée à savoir si ce type de théâtre attirait les foules, Mme Desperrier a répondu « que c’était toujours plein ».
Pour s’assurer de jouer devant des salles pleines, la veille de la présentation de la pièce, un des leurs se rendait avec un mégaphone dans la ville où celle-ci allait être présenté pour scander dans les rues que le Théâtre Parminou s’en venait.
Pour ce qui était des ressources financières, la troupe avait obtenu des subventions d’Ottawa, mais ne pouvait acheter que du matériel périssable tel que de la nourriture, des lampes de projecteurs, de l’essence…
Toutefois, grâce à une « passe-passe habile » comme elle l’a dit, la troupe a pu acheter du matériel d’éclairage et surtout, un camion, qui permettait de se promener de ville en ville.
Quant à leur quartier général, les comédiens squattaient un immeuble près de la côte d’Abraham dans la Vieille Capitale.
« Grâce à des connaissances, on pouvait aller dans les bureaux du gouvernent pour faire des photocopies et se servir de leur téléphone », confie-t-elle à propos de l’astuce pas qu’ils faisaient.
Direction : Victoriaville
« On voulait décentraliser le théâtre et on voulait s’installer dans une région où il n’y en avait pas », raconte Hélène Desperrier pour expliquer la venue de la troupe dans les Bois-Francs en 1976.
Les jeunes artistes avaient pignon sur rue dans un bungalow sur la rue Olivier où 12 personnes y travaillaient.
L’atelier était dans le garage, la salle à manger avait été transformée en salle de réunions, les trois chambres en bureau individuel et le sous-sol a beaucoup servi à l’organisation de tournée.
La septuagénaire reconnaît que l’accueil des Victoriavillois n’a pas été aussi chaleureux qu’elle le croyait. Il faut dire qu’ils étaient des artistes qui avaient parfois des allures différentes de la population.
Et, qu’est-ce que la troupe a fait pour mieux se faire accepter ?
« On s’est impliqué dans la Corporation de développement communautaire en plus de faire affaire avec les commerces de la région pour notre matériel », résume-t-elle.
Un éternel combat
Les années se sont écoulées et le Théâtre Parminou a continué de jouer un peu partout à travers la province tout en continuant de s’impliquer dans les Bois-Francs.
En 1989, « un des premiers centres théâtraux regroupant l’ensemble des infrastructures nécessaires à la productrice et au soutien d’une compagnie de théâtre de création et de tournée » a été construit à Victoriaville comme on peut le lire sur le site du Parminou.
La troupe a toutefois travaillé sur ce projet pendant huit années avant de le voir se concrétiser, enfin, et ce, au coût de 1,2 M$.
Environ 25 ans plus tard, un projet de 3,5 M$ a permis de doubler l’espace et de moderniser tous les aspects techniques et mécaniques du bâtiment.
« Quand tu fais de la culture, il ne faut jamais lâché et ni s’asseoir sur ses lauriers sinon ça ne fonctionnera pas », dit-elle en soupirant, donnant l’impression d’avoir mené plusieurs combats au cours des cinq dernières décennies.
« Je pense que dans ce domaine, ça restera toujours un combat », ajoute la combattante de la scène en terminant l’entrevue.
