Exploitation sexuelle | « Je n’ai jamais vu personne en sortir indemne »

La coordonnatrice du projet de prévention et d’intervention de l’exploitation sexuelle des jeunes au Centre-du-Québec, Bianca Boudreau, est catégorique. Les jeunes qui vont en subir seront marqués à jamais.

« Je n’ai jamais vu personne en sortir indemne », tranche celle qui coordonnatrice à La Piaule, un organisme en travail de rue à Drummondville. 

« La plus grosse conséquence est le choc postromantique », ajoute-t-elle en mentionnant que les jeunes filles qui vivront de l’exploitation sexuelle auront de la difficulté à oublier les hommes qu’elles auront croisés lors de cette marquante épreuve.

Il faut aussi mentionner qu’elles vont également se sentir souiller. 

« Elles vont rester avec des craintes pour le reste de leur vie et ne feront plus confiance aux hommes », assure Mme  Boudreau.

Chacune à son histoire

Bianca Boudreau a expliqué qu’il n’y a pas une adolescente qui tombe dans l’exploitation sexuelle de la même manière.

« Il n’y a pas une histoire qui est pareille », soutient-elle. 

À l’opposé, les pimps, eux, s’y prennent souvent de la même manière. 

Dans le Portrait de l’exploitation sexuelle des jeunes 12-25 ans – Centre-du-Québec publié en 2020 on rapporte « que les réseaux sociaux sont les lieux les plus souvent utilisés pour recruter les jeunes […] ou même sur les jeux interactifs en ligne (Facebook, Instagram, Tinder, Fortnite, etc.) »

Les pimps vont donc gagner la confiance de adolescentes en se faisant passer pour des princes charmants à leurs yeux. 

Ils vont analyser leur compte Facebook et venir leur parler en leur disant « Tu n’as pas l’air de bien aller » ou « Comment ça qu’une belle fille comme toi est toute seule ? ».

Ces pimps peuvent être aussi des femmes proxénètes, car elles ont l’avantage de pouvoir gagner la confiance auprès des jeunes filles.

« Ceux-ci cherchent à trouver la faille ou encore le besoin du jeune. L’objectif devient alors de combler ce besoin et de faire miroiter ce que le jeune désire (de l’amour de l’attention, un nouveau groupe d’amis, de la drogue, de l’argent, plus de liberté, de l’aventure, un style de vie cool). Une fois le contact et le lien de confiance établi, la rencontre a lieu, soit dans un restaurant, un bar, un centre commercial ou encore dans un party de jeune », peut-on lire dans  le Portrait de l’exploitation sexuelle des jeunes 12-25 ans.

Les partys de jeunes « privés » seraient d’ailleurs de plus en plus utilisés comme lieux de rendez-vous.

Les pimps peuvent aussi se tenir dans les parcs, mais il n’est pas avantageux pour eux de rester au même endroit trop longtemps puisqu’ils attireront l’attention sur eux. 

Le conte de fées se transforme en cauchemar

Si quelques-unes font quelques dollars au début, ça ne dure jamais longtemps assure la coordonnatrice du projet de prévention et d’intervention de l’exploitation sexuelle des jeunes au Centre-du-Québec

« Il va y avoir une situation critique que la jeune n’aura pas envie [de faire] et c’est à ce moment qu’elle va commencer à consommer parce qu’elle aura besoin de ça pour le faire », relate Mme Boudreau.

Plusieurs d’entre elles ne se pardonneront pas ce qu’elles ont fait, car elles y sont allées de leur plein gré.

« Elles s’en voudront encore plus », conclut la coordonnatrice.

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