
Alain Fleury passe un peu moins de cinq heures par jour à séparer des fils électriques noirs et rouges pour assembler des harnais électriques. Pour plusieurs, ce travail pourrait être ennuyeux et redondant. Pas pour cet homme de 47 ans. Pourquoi ? Car il a une déficience intellectuelle moyenne est qu’il est tout simplement heureux de travailler.
En plus de ce handicap, le Victoriavillois ne voit pratiquement rien en raison de complications liées à son diabète. Il doit aussi se déplacer à l’aide d’une canne.
Lorsqu’il parle de son travail, ce grand fan de hockey et de lutte sourit. Il sourit et en plus il a le visage qui s’illumine.
« J’aime ce que je fais et ça m’aide à passer le temps », s’exclame-t-il.
« Quand je suis ici, je travaille, travaille, travaille… Si on me demande de faire quelque chose, je le fais sans chialer », ajoute celui qui travaille chez CÉTAL à Victoriaville, un OBNL qui offre de la sous-traitance pour la fabrication de câblage de harnais électriques.
En cette Semaine québécoise de la déficience intellectuelle, monvicto.com s’est entretenu avec le quadragénaire qui est apprécié de tous ses collègues.
« Alain est le premier à arriver au travail et il est toujours de bonne humeur », relate le conseiller en développement des compétences, Renaud Jutras.
« Il est un travailleur extrêmement assidu et sa présence est très positive dans l’usine. Alain souhaite toujours s’impliquer au maximum », ajoute-t-il.
Sur le site de la compagnie, il est écrit que « CÉTAL est reconnue par Emploi Québec à titre d’entreprise adaptée, dont les emplois qu’elle offre sont pour personnes avec limitations fonctionnelles. Celles-ci doivent répondre aux conditions du Programme de subvention en entreprise adaptée, c’est-à-dire de présenter une déficience physique, mentale ou intellectuelle ayant un caractère persistant. »
Une mère fière
Présente lors de l’entrevue, sa mère, Céline Michaud, affichait aussi un large sourire. Un sourire de grande fierté.
Son fils a toujours aimé travailler. Lorsqu’il était adolescent, il adorait se rendre à l’aréna de Warwick pour remplir les bouteilles d’eau en plus de taper les bâtons des joueurs.
« Il aime voir le monde et lorsqu’il revient à la maison après son avant-midi de travail, il est content de me dire qu’il a tout fini ce qu’il devait faire », se réjouit sa mère.
Pas toujours facile
Malgré ses handicaps, le curriculum vitæ d’Alain Fleury est bien rempli et compte plusieurs entreprises de la région.
L’Hôtel-Dieu d’Arthabaska s’y retrouve, mais ce partisan des Tigres n’a vraiment pas aimé y travailler.
« Les gens autour de moi ne me respectaient pas et riaient de moi, dit-il avec tristesse. Ils me disaient que je travaillais mal. »
Questionné à savoir ce qu’il faisait dans ce genre de situation, le Victoriavillois a démontré une belle preuve de savoir-vivre et surtout, d’intelligence.
« Ce qu’ils me disaient me déconcentrait et je devais partir [plus loin] pendant quelques minutes pour me calmer. Puis, je revenais », raconte-t-il candidement.
Avait-il parfois le goût de remettre ses détracteurs à leur place ?
« Non, car ce n’est pas en frappant quelqu’un que ça règle des affaires », dit-il en haussant les épaules en terminant l’entrevue.
