
La Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada n’a vraiment pas cru la version de la famille mexicaine quant aux danger de les renvoyer chez elle.
Lundi dernier, la famille Cuapantecatl-Hernandez – le père, la mère et les deux enfants – a lancé un cri du coeur afin de demander aux élus de l’aider à demeurer au pays, et ce, à Plessisville, là où elle habite depuis quelques années.
Le père travaille comme opérateur, la mère est serveuse alors que les deux enfants de 12 et 11 ans vont à l’école.
La famille tente d’avoir son statut de réfugié et lors d’une conférence de presse très émotive, elle a déploré le travail de ses avocats dans ce dossier afin de rester ici.
Elle a également raconté les dangers qui la guettent si elle est renvoyée dans son pays.
Victimes d’extorsion
Au Mexique, les parents avaient un restaurant au Chiapas, au sud du Mexique, et ils auraient été victimes d’extorsion de la part du cartel Los Zetas à partir de décembre 2018.
Cette bande demandait 10 000 pesos par mois, soit l’équivalent d’environ 750 $ canadien, sinon la famille allait avoir des représailles.
En mai 2019, le père a fermé son commerce et un mois plus tard il est arrivé au Canada. En octobre de la même année, son épouse et ses enfants auraient été la cible d’une tentative d’enlèvement.
Puis, en novembre de la même année, sa femme l’a rejoint ici. Deux ans plus tard, c’était au tour des enfants.
Plusieurs raisons pour expliquer le refus
Dans la décision de la Commission qui a été rendue le 23 mai dernier et dont monvicto.com a obtenu copie, on peut lire qu’il y a certaines incohérences dans les propos de la famille dans leur récit.
Celle-ci a affirmé à la Commission que « les membres du cartel sauront les retrouver partout au pays et auront l’intérêt pour le faire ».
Toutefois, pour ne pas être retrouvée par le cartel, la famille est tout de même « restée avec les parents de la mère, dont la porte de leur résidence est à quelques pas du commerce fermé et de l’ancienne résidence de la famille. »
Une situation qu’a qualifié de « troublante » la Commission pour une famille qui prétend avoir peur pour sa vie.
« Cette preuve est déterminante pour conclure que les membres du cartel n’ont pas l’intérêt pour déployer temps et ressources pour s’en prendre à la famille », est-il écrit.
Toujours selon le document, il est indiqué que les autorités « ont endigué les grandes organisations criminelles [et que] Los Zetas n’existe plus en tant qu’organisation criminelle unifiée » d’autant plus que le restaurant du père est fermé depuis un peu plus de quatre ans.
Finalement, la famille n’a pas « démontré par prépondérance de preuve qu’il serait déraisonnable pour elle de se réinstaller [à Mexico, Mérida ou Cabo San Lucas] pour y trouver un logement, y faire instruire leurs enfants et y trouver une activité rémunératrice ».
Notons que c’est mardi prochain que la famille saura quand elle devra quitter le pays.
Luc Berthold veut faire suspendre les procédures
Le 4 août, le député de Mégantic-L’Érable, Luc Berthold est intervenu dans ce dossier. Il a envoyé une demande de reconsidération pour motifs humanitaires au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada.
Mardi, il a parlé personnellement avec le ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires intergouvernementales, Dominic Leblanc, pour le mettre au courant de la situation et de lui demander de suspendre les procédures d’expulsion.
Le député devrait avoir des nouvelles lundi à ce sujet.