
Lorsqu’on demande à Essouma Long, un Camerounais d’origine installé à Victoriaville depuis 2013, s’il croit que le Mois de l’histoire des Noirs a encore sa place en 2023, il hésite à répondre.
« Sur le plan éthique, je ne crois pas que ç’a encore sa place, car c’est un peu réducteur. Si on a notre mois, alors pourquoi il n’y a pas celui des Blancs ou autres ? », a répondu philosophiquement l’homme de 46 ans.
Celui qui travaille comme intervenant communautaire interculturel au Comité d’accueil international des Bois-Francs a apporté une nuance à sa réponse après quelques secondes de réflexion.
« D’un point de vue international, ce mois a encore sa raison d’être, car je crois que le peuple occidental ne sait pas tout ce qu’on a vécu. »
Il a vécu du racisme à Victoriaville
Lors de son entrevue, le Camerounais qui a quitté son pays natal pour venir étudier au Québec a confié qu’il a vécu du racisme dans sa ville d’adoption.
Des évènements qui lui ont rappelé de mauvais souvenirs.
Le premier s’est passé il n’y a pas si longtemps alors des policiers lui ont exigé de les suivre au poste à la suite d’un appel d’une citoyenne qui leur avait raconté « qu’un homme de couleur » avait tenté de faire monter dans sa voiture des enfants près d’une école.
Or, la réalité était différente.
« Je saluais des jeunes qui m’avaient reconnu puisque j’avais donné un spectacle à leur école en tant que conteur », a-t-il raconté.
Cette situation l’avait d’ailleurs beaucoup affecté émotionnellement.
« Il y a encore des gens qui ont des attitudes discriminatoires à Victoriaville », dit-il tristement.
Difficile de se trouver du travail
Bien qu’il soit tombé en amour avec Victoriaville dès sa première visite au début de l’année 2013, Essouma Long a eu de la difficulté à se trouver du travail.
« Il y a des compagnies qui n’ont même pas voulu me recevoir en entrevue, déplore-t-il. C’est difficile à prouver, mais j’ai le feeling que c’était peut-être à cause de la couleur de ma peau. »
« Si la région a [encore] des problèmes dans la rétention des immigrants, c’est qu’il y a des attitudes de ce genre », estime-t-il sans méchanceté.
Apprendre à mieux se connaître
Le Camourenais croit qu’il y a encore beaucoup de travail à faire, d’un côté comme de l’autre, pour que tous apprennent à bien vivre ensemble.
« Il y a une grande partie des gens qui arrivent à Victoriaville et qui restent chez eux avec une certaine méfiance, constate-t-il. Mais c’est aussi le cas des gens d’ici. »
Comme piste de solutions, il propose d’apprendre à mieux se connaître.
« Ça permettrait aux immigrants d’aller à la rencontre des autres et vice versa», dit-il avec espoir.
« Les personnes des pays étrangers peuvent apporter beaucoup à la population », ajoute-t-il.
Le quadragénaire a terminé l’entrevue en mentionnant que la couleur de la peau ne devrait jamais être ce qui distingue l’être humain.