Un Princevillois derrière les effets spéciaux de plusieurs grands films d’Hollywood

Très peu le savent, mais c’est un homme de la région qui est à la tête de l’une des plus importantes compagnies créatives qui excelle dans les effets visuels de plusieurs grands films d’Hollywood. Son nom : Sébastien Moreau, natif de Princeville.

Depuis 2006, le Princevillois a fondé la compagnie Rodeo FX, située à Montréal et qui compte près de 800 employés. 

Sa compagnie travaille avec Disney, Amazon, Netflix…

Pourtant, plus jeune, il ne pensait pas gagner sa vie en étant associé aux grandes productions hollywoodiennes. 

Sébastien Moreau a passé une partie de son enfance dans l’entrepôt de son père Réal, qui avait une compagnie de  fabrication de meubles dans les années 1970 et 1980, Meubles de l’Estrie à Princeville.

Il se souvient par contre que l’un de ses voisins avait une caméra vidéo et que ce dernier réalisait quelques effets spéciaux. Rien de très spectaculaire pour l’époque.

« J’étais quand même très impressionné », se souvient celui qui a fréquenté l’école secondaire Sainte-Marie.

Voulant devenir animateur de radio, il a fait sa demande pour être admis au Cégep de Jonquière en Arts, technologie et médias. Il a toutefois été refusé.

Il est donc allé étudier au Cégep de Victoriaville en Sciences humaines pour finalement être accepté un an plus tard à Jonquière.

Une fois son diplôme en poche, il a travaillé chez Buzz, à Montréal, une boîte de postproduction. Il a entre autres travaillé sur des vidéoclips de Paul Piché et de Bran Van 3000. 

C’est aussi à cette époque qu’il a fait la connaissance d’un certain Denis Villeneuve…

Maîtrisant à la perfection un nouveau logiciel 2D révolutionnaire qui venait de sortir sur le marché, il s’est rapidement fait connaître dans le milieu et s’est rendu à La Nouvelle-Orléans où se tenait un congrès sur les effets spéciaux.

Parmi les compagnies qui étaient présentes, on retrouvait l’entreprise Industrial Light & Magic, qui appartenait à George Lucas, l’homme derrière la saga Star Wars

« J’ai laissé mon démo à un des recruteurs qui s’y trouvait et il m’a engagé sur-le-champ ! », dit-il, sourire en coin.

Pour Sébastien Moreau, cette compagnie représentait « la Harvard des effets visuels ».

Cinq ans avec les grands d’Hollywood

En 2001 à l’âge de 28 ans, le natif  de Princeville est parti travailler pour son idole, George Lucas, à San Francisco.

« Une fois arrivé là-bas, on s’est fait dire qu’il était quelqu’un de très timide et que si on le rencontrait, il ne fallait pas lui adresser la parole », raconte l’artiste qui avait 28 ans lors de son arrivée aux États-Unis en 2008.

Continuant de perfectionner son métier chez nos voisins du Sud, il a aussi passé un peu de temps en Nouvelle-Zélande à travailler chez WETA, la compagnie de Peter Jackson, en participant à deux des trois films de la trilogie de Lord of the Ring, soit The Two Towers et The Return of the King sortis respectivement en 2002 et 2003.

« Je m’ennuyais du Québec »

« Je m’ennuyais du Québec et je voulais revenir », dit-il pour expliquer son retour dans la Belle Province à l’été 2006 à l’âge de 34 ans. 

Le Princevillois s’est donc installé dans un sous-sol du Vieux-Port de Montréal, et ce, sans ordinateur, sans connexion internet et sans plan d’affaires.

« Je n’avais vraiment rien du tout », dit-il sans détour. 

Sa nouvelle compagnie portait le nom de Rodeo FX en raison de la célèbre rue Rodeo Drive à Los Angeles.

Réalisant quelques contrats ici et là, dont plusieurs qui n’étaient pas très lucratifs, Hollywood a fait appel à sa compagnie pour The Golden Compass, mettant en vedette Daniel Craig et Nicole Kidman. Quelques mois plus tard, ce film a remporté un Oscar  en 2008 pour Meilleure réalisation en effets visuels.

Sa compagnie, dont il est le président et le CEO, a aussi travaillé sur le quatrième volet des aventures d’Indiana Jones cette même année alors que George Lucas était attaché à ce projet.

En seulement deux ans, Sébastien Moreau était de retour dans la cour des grands.

Garder les choses simples

« On a la réputation de faire du bon travail en gardant les choses simples », répond-il pour expliquer le succès de sa compagnie.

Dans les dernières années, Rodeo FX a aussi remporté quelques prix pour la série Game of Thrones

« Ç’a été un grand changement, car c’était la première fois qu’on voyait de tels effets visuels à la télé », explique le quinquagénaire.

Plus récemment, Rodeo FX était de la série fantastique à succès de Netflix, Stranger Things, qui a aussi remporté plusieurs prix.

« Maintenant, on est nommé chaque année pour des prix et je vois un peu ça comme une finale de poker. C’est-à-dire que ce sont souvent les mêmes visages qui s’y retrouvent », compare-t-il.

« Ça devient un but de se démarquer sur des projets de haute qualité », ajoute-t-il avec conviction. 

Il faut rêver grand

En regardant la feuille de route de Sébastien Moreau, on ne peut qu’être impressionné.

Le Princevillois, lui, garde les deux pieds sur terre.

En terminant l’entrevue, il avait un conseil à donner pour les gens de la région.

« Il faut rêver grand, car on est aussi capable que les autres d’accomplir de grandes choses », de dire celui qui aime bien venir manger une poutine à la Petite vache quand il est de passage dans son patelin.