
Son surnom de berceau du développement durable dans la province ne lui suffit plus. La municipalité de Victoriaville se donne cinq ans pour devenir le leader au Québec en termes d’environnement avec 33 actions prévues pendant le mandat. Entretien avec le maire, Antoine Tardif.
Dévoilé cette semaine, le plan Victoriaville – vert de nature prévoit des grandes orientations jusqu’en 2027 en matière de développement durable avec des actions concrètes en termes de logements, de mobilité et d’économie.
Après deux années de pandémie, « le monde a considérablement changé » se justifie le maire de la municipalité de 45 000 habitants, Antoine Tardif, qui croit qu’un tel plan était nécessaire pour orienter la politique des prochaines années. Les débats actuels à Québec et à Montréal pour le transport en commun montrent d’après lui que les enjeux climatiques sont à l’aire du temps.
Ne pas attendre après le gouvernement
Même si une collaboration avec les gouvernements du Québec et du Canada est nécessaire pour mener certains projets, le maire assume une gouvernance territoriale, qu’il définit comme le seul moyen d’agir vite.
Antoine Tardif ne cache pas sa fierté d’avoir conçu un plan sur mesure pour les Victoriavillois : « pendant la campagne électorale, on a écouté les besoins des citoyens, on a mené des consultations donc ce plan c’est le leur ».
Montrer l’exemple
La municipalité veut d’abord s’attaquer aux faiblesses au sein de ses infrastructures. Elle compte optimiser l’utilisation énergétique des bâtiments municipaux, changer les lampadaires pour du Led plus écologique. La flotte des 125 véhicules municipaux va aussi être progressivement renouvelée pour de l’électrique.
Insuffler l’innovation
Le plan vert mise sur l’économie circulaire. Antoine Tardif est fier d’être le maire d’une ville pionnière en termes de compostage et de recyclage, mais veut que ça aille plus loin. « Nos entreprises industrielles doivent s’inscrire dans cette démarche-là ».

Déjà plusieurs entreprises transforment leur déchets : le maire prend l’exemple de Lactantia, qui emploie 800 personnes dans la région et dont les rejets d’eau mélangée à du lait sont utilisés par les laboratoires Abbott pour réaliser des médicaments. « On voit à quel point les rejets d’une entreprise peuvent devenir les intrants d’une autre pour réaliser un produit final qui bénéficie à la population », explique-t-il.
Victoriaville veut que d’autres initiatives comme ça puissent devenir réalité et compte sur les chercheurs pour y parvenir : « comme municipalité, notre rôle est d’attirer les chercheurs vers nous pour mener ce type de projets circulaires ».
Il n’y a pas d’universités à Victoriaville, mais la ville a signé plusieurs partenariats avec les universités de Sherbrooke et de Laval et est partie prenante dans la chaire de recherche de l’université de Trois-Rivières.
Hasard du calendrier ? Le plan a été dévoilé ce mardi 3 mai, en même temps que se tenait le sommet du climat à Montréal. « On ne l’a pas fait exprès », ironise Mr Tardif. Ce que certifie le maire néanmoins c’est que 5 ans suffiront à Victoriaville pour obtenir le siège de leader du Québec.